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Mazan révèle un passé riche et foisonnant qui surgit à chaque coin de rue dans le « vieux bourg » mais aussi en campagne. Mazan appartient au Pays d'art et d'histoire du Ventoux Comtat Venaissin. 

En campagne

Le sol communal atteste une occupation fort ancienne. Les entités archéologiques, recensées par le service de l'archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, font état de plusieurs dizaines de sites où l'on a mis à jour et constaté des occupations humaines depuis le paléolithique moyen, ainsi que pour tout le néolithique, l'époque gallo-romaine, le bas-empire, le moyen-âge…

Parmi les sites les plus anciens, il convient de relever celui de Banay (habitat groupé fin néolithique, aux environs du 4ème millénaire avant notre ère), à l'ouest du quartier du Bigourd.
Celui de Saint-Andéol, entre Auzon et route de Blauvac, gisement particulièrement riche, dont de nombreuses pièces ont été récoltées et conservées : haches du néolithique, éléments de temple et de thermes de la période gallo-romaine, chapelle du Moyen Âge.

Le centre historique

En en faisant le tour, en y pénétrant par les voies rayonnantes, il y a toujours quelque chose à voir, et derrière le visible, l'histoire d'un homme ou d'une famille qui a marqué son temps et ses contemporains.

Partout donc le passé a laissé son empreinte dans le patrimoine que nos prédécesseurs parfois très lointains nous ont laissé. Nous n'en ferons pas un tour d'horizon exhaustif, mais simplement une mise en lumière d'une partie de ce qui est remarquable.

Le tour de ville

Le Mazan médiéval est ceint de remparts. Bien mis en valeur par un nettoyage et un éclairage flatteur, ils bordent et dominent majestueusement les rives de l'Auzon.
Les limites circulaires de la cité moyenâgeuse invitent à la visite, visite accessible par les portes monumentales.
Huit au cours des âges, elles sont trois à avoir bénéficié d'une remise en valeur de qualité identique à celle des remparts.

Le village ancien

De forme quasi ronde, il est aéré par une circulante intérieure concentrique, vestige d''une ancienne limite fortifiée, coupée et desservie par des voies rayonnantes, un dense réseau de rues et ruelles, au charme des centres anciens.

La densité urbaine y semble importante, c'est en fait une impression trompeuse dès lors que le piéton qui y musarde n'apparaît pas en mesure d'évaluer l'existence de jardins, plus nombreux dans la moitié sud, ce qui permet de supposer que l'occupation y a été plus bourgeoise qu'au nord. 

Quant à l'église, elle apparaît inscrite dans un long quadrilatère, sans doute les premières limites du Mazan d'autrefois.

Le Sentier de la pierre sèche

Inauguré en avril 2018, le sentier de la pierre sèche se situe depuis les lieux-dits les Montagards et la Lauzière, jusqu’à l’entrée de Mazan sur la RD150 (route de Blauvac).

Par ce chemin étaient descendus des blocs de pierre de molasse qui ont probablement servi à la fabrication des sarcophages paléochrétiens que l’on trouve aujourd’hui au cimetière communal. Les ornières encore visibles à certains endroits dans la roche, étaient destinées à retenir dans les fortes pentes les charrois transportant les lourdes dalles.

L’intensification des cultures durant le XIème et XIIème siècle, amène à construire sur les hauteurs des aménagements agricoles à partir de pierres trouvées sur place. La culture en terrasse, « bancaus » en Provence, permet de créer des espaces horizontaux et d’augmenter la surface d’exploitation. Les cabanes (ou bories) font office de granges, de bergeries ou d’habitations saisonnières aux bergers et aux paysans, tandis que les grands murs de pierre délimitent les propriétés ou enclos pour les animaux.

Les guerres et famines ralentissent l’utilisation agricole des cabanes et enclos en pierre sèche sur ces collines. Lors des pestes de 1630 et peut-être aussi de 1720, ou lors du choléra de 1848, les habitants contaminés, sont mis à l’écart du village et envoyés dans les bories.

Les abris encore en état datent du XVIIème et XIXème siècle. Leur diversité sur ce site est exceptionnelle : cabanes adossées, semi-troglodytiques, toits pointus, circulaires ou à quatre pentes, murs de soutènement, etc. Toutes ces constructions résultent d’assemblages de pierres sans utilisation de mortier. La technique de montage est dite en encorbellement, technique qui consiste à superposer les pierres avec une légère inclinaison vers l’extérieur.

A la fin du XIXème siècle, ces aménagements en pierre sèche sont abandonnés et la nature reprend ses droits.

  •                         Départ de la boucle de 6,5km (balisage bleu)

                                   D77 Lieu-dit la Boissière

                                   GPS N44.047604 E5.154310 ou N44°2’51’’37E5°9’15’’51

 

  •                         Départ de la boucle de 2,5km (balisage en pointillés rouges)

                                   D150 Chemin de la Lauzière

                                   GPS N44.036068 E5.167120 ou N44° 2’9’’84 E5°10’1’’63

Dénivelé maximum : 159 mètres

Les tombeaux mérovingiens

Les sarcophages dits gallo-romains, alignés en périphérie du cimetière qu'ils délimitent en partie, mais exhumés d'ailleurs, que P. Fayot et C. Tiran n'hésitent pas à qualifier d' « Alyscamp » de Mazan. Ils datent en réalité des Ve et VIe siècles, vraisemblablement de l'époque mérovingienne. 
Ces lourdes sépultures en calcaire massif sont ornées de sculptures sobres, sans doute enracinées dans la tradition chrétienne. Ce sont les premiers témoins du christianisme sur notre sol communal.

Le cimetière jardin

Le zérophyto au cimetière

Depuis trois ans la commune de Mazan applique, par anticipation, l’entretien des espaces publics sans produits phytosanitaires. Elle peut se réjouir d’agir dans le sens du respect de l’environnement, de la préservation de la biodiversité, de la qualité de l’eau et de la santé de tous. En contrepartie, ce changement demande aux Mazanais d’accepter une flore sauvage qui recolonise rues et ruelles avec grande parcimonie. La « flore sauvage » d’aujourd’hui est la « mauvaise herbe » d’hier ! en fait c’est la même chose, l’une ne remplace pas l’autre.

Appliquer la réglementation du « zérophyto » dans les allées du cimetière reste encore problématique. Le cimetière est en effet un espace à part, dans le sens où tout en étant public, il abrite une parcelle sensible et extrêmement privée de nos vies. Le développement d’une végétation sauvage peut alors être perçu comme un signe d’abandon et d’irrespect envers les défunts et les familles.

Penser le cimetière comme un jardin fleuri

Passer au « zérophyto » dans un cimetière ne signifie pas le délaisser et favoriser un enherbement anarchique. Passer au « zérophyto » dans un cimetière se fait par la végétalisation, le fleurissement et l’utilisation d’un outillage adapté, dans le respect du site et des familles des défunts. La fleur doit, en effet, prendre la place de la « mauvaise herbe » dans les endroits où la solution mécanique ou thermique n’est pas satisfaisante. En passant au zérophyto, nous faisons alors du cimetière un jardin.

Le cimetière, lieu de mémoire et d’histoire

Les anciens cimetières sont la mémoire des villes et des villages. On peut y voir la grande Histoire. En effet, suite de la Révolution française, les cimetières sont déplacés à la périphérie des villes et des villages, et ce, pour des questions d’hygiène. C’est une page blanche qui s’offre alors à cette société en reconstruction et en quête de reconnaissance. Le cimetière sera l’occasion d’asseoir sa jeune position sociale. Les grandes allées sont investies par la haute société, les communs laissés au peuple. L’on meurt donc comme l’on a vécu dans le faste ou dans la pauvreté, la ville des morts reflète alors la ville des vivants. Ainsi, le faste de certaines tombes, le choix des épitaphes, du statuaire, de la symbolique funéraire sont là pour montrer et partager sa peine, pour accompagner le défunt, mais également pour porter le souvenir du nom et des hommes, ils sont là pour être vus. C’est dans ce sens que le cimetière est un espace d’histoire et de mémoire, un espace public à partager comme lieu de recueillement et de culture.

Cette action patrimoniale et environnementale est réalisée dans le cadre du projet du Parc Naturel Régional du Mont- Ventoux porté par le SMAEMV et bénéficie du soutien financier de la Région Sud-Provence-Alpes-Côte-d’Azur et du Département de Vaucluse.

En savoir plus

La chapelle Notre-Dame de Pareloup

Elle a connu de nombreux remaniements au cours des âges. La partie la plus ancienne datée du XI e siècle, repose en fait sur les bases d'un édifice plus ancien. 

Elle abrite des caveaux, ceux des coseigneurs de Mazan, un christ en mélèze et une statue de plâtre de Notre-Dame de Pareloup, maîtrisant un loup à ses pieds, loup dont on dit que l'espèce abondait dans la région. 

Elle accueillit pendant longtemps le cortège des paroissiens processionnaires.

Galerie Notre Dame de Pareloup

Le château des Astaud-Causans, demeure des premiers coseigneurs

La façade actuelle, intégrée aux remparts de la ville, même si elle est imposante, ne reflète pas le rôle historique important et l'emprise foncière du château. La poterne marque le point de départ des manifestations du Carri. Une plaque y rappelle Désiré Blanchet, célèbre historien né à Mazan et qui fut l'auteur du premier manuel d'histoire illustré.

La porte de Mormoiron

Ouverte dans les remparts, on y découvre les hôpitaux de Mazan, dont le vieil hôpital serait l'un des plus vieux édifices de la localité, signalé déjà à la fin du XIIIe siècle. C''était une porte double, avec un pont-levis.

Le château de Sade

Devenu maison de retraite en 1924, le « Château de Mazan » est aujourd'hui un hôtel quatre étoiles.
Son architecture est typique du XVIIIe siècle. Surnommé ici le « château de Sade », cette bâtisse a été la seconde demeure de la famille.
L'ancien château, dont il reste une tour, se dressait sur la partie haute où se situe l''église. Les coseigneurs de Sade étaient de riches propriétaires fonciers. 

L'hôtel de Valette

Immeuble sis Grand'rue, il possède une magnifique façade du XVIIe siècle. La porte ainsi que la statue qui la surplombe sont inscrites aux monuments historiques.

La chapelle des Pénitents blancs

La chapelle des Pénitents blancs date du XVIIe siècle. Au plafond, une peinture représente la vie de la Vierge. Un travail remarquable qui aurait été exécuté par Salomon de l'école d''Avignon en 1697. 
La chapelle des Pénitents blancs abrite aujourd'hui le Musée municipal Camille Pautet.

La chapelle Notre-Dame la Brune

Elle est située à 2km au nord-est du village, sur une croisée de chemins gallo-romains, où la croyance populaire localise l'exhumation des sarcophages bordant le cimetière. 

Nos historiens locaux nous précisent que « la résurrection de la chapelle ne date que de 1714, quand la statue de Notre-Dame, préservée par les ruines elles-mêmes, se signala par un miracle », miracle attesté par les ex-voto, dont la spontanéité de l'expression mérite le respect et la visite.

Depuis 1788, la statue (l'actuelle statue en bois est une restauration d'Henri Barruol, enfant de la localité, ébéniste à Gigondas) est déplacée en procession dans l'église pour une durée de quinze jours.

Galerie Notre Dame La Brune

La Vierge à l'enfant

Datant du XIVe siècle, la statue de la Vierge à l’enfant, auparavant fixée au-dessus de la Porte de Mormoiron, a été déposée en février 2017 à l’intérieur de l’église paroissiale de Mazan. Cette statue de bois polychrome porte la marque de nombreuses restaurations effectuées au fil des siècles. La municipalité a choisi de la restaurer « a minima », pour mettre en valeur les très beaux volumes de cette œuvre sans altérer son originalité. La statue a été bénie le 8 septembre 2017 par le père Charles-Bernard Savoldelli, curé de la paroisse Notre-Dame du Ventoux.

La glacière

Une glacière a été mise au jour chemin Notre-Dame-la-Brune. Datée du XVIIIè siècle, son existence a pu être confirmée par le biais d’un acte notarié faisant mention d’un « quartier de la glacière, chemin de N.D.-la-Brune » à quelques mètres d’une grotte creusée dans le safre dont le plafond circulaire de pierres avait piqué la curiosité de Joseph Barruol.
Mais qu’est-ce qu’une glacière ? Pour nous éclairer sur le sujet, tournons-nous donc vers Joseph Barruol, membre de l’Académie de Vaucluse et de l’association Culture et Patrimoine, qui signe un article très détaillé dans les « Carnets du Ventoux » *. La glacière de Mazan, explique-t’il, est une glacière de plaine qui recevait la neige entreposée dans les glacières du Ventoux. Elle est « ronde, elle a un diamètre de 6 m sur 5,12 m de haut. L’ensemble est surmonté d’une coupole bâtie en pierres. » 

Le blason

Les armes peuvent se blasonner ainsi :
 « D'azur à la main appaumée d'argent, accompagnée en chef à dextre d'un soleil d'or et à senestre d'une lune aussi d'argent. »

In manu Dei omnia sunt

Devise

Tout tient en la main de Dieu

L'Association « Culture et patrimoine »

Association fondée en 1971, qui depuis 40 ans, patiemment, souvent laborieusement, a dressé un inventaire détaillé et exhaustif des chapelles et des contenus, a classé les archives paroissiales dispersées au préalable en des lieux différents. A connu aussi quelques désillusions face à des dilapidations irresponsables. Elle est à l'origine de la création du musée municipal Camille Pautet, lequel regroupe et organise la véritable mémoire du village. Elle est actuellement présidée par Monsieur Bernard Dubois. Pour en savoir plus sur l'association.

Pour mieux connaître Mazan

Il existe deux ouvrages de références sur Mazan.
Difficiles à trouver dans le commerce ils sont disponibles à la Bibliothèque municipale

Histoire et vie quotidienne d'un village comtadin : Mazan, Pierre Fayot et Camille Tiran, édition « Le nombre d'or », 1978.
2000 ans de religion dans un village du Comtat Venaissin : Mazan, Joseph Barruol, édition à compte d'auteur.

La revue « Les carnets du Ventoux » est consultable en bibliothèque municipale.